mardi 19 août 2008

Silent Sea

I just read an article on "Le Monde" about a best-seller in Sweden that was written by Isabella Lövin.

The name of the book is "Silent Sea" ("Tyst Hav" for my Swedish readers... hahaha) and it's about the consequences of overfishing in the Baltic Sea. Her book has shaken up a lot of people who were totally ignorant about the aquatic desert that overfishing has produced. She won the permanent hate of the fishing industry in Sweden and it was not an easy task writing that book that was published in 2007.

I'm considering falling in love too with Ms. Lövin (I'm a very open lover).

For English speakers, here's an interview of Ms Lövin : http://podradio.nu/item/view/59455/

For French readers, this is the article published today by Le Monde :

La journaliste a consacré une enquête aux effets de la surpêche en mer Baltique et analysé les conséquences de la disparition des espèces sur l'écosystème. Avec " Mer silencieuse ", qui a connu une diffusion inattendue, elle s'est mise à dos les pêcheurs et a provoqué de vifs débats dans son pays

Sorti à la fin de l'été 2007, le livre d'Isabella Lövin, Mer silencieuse, a bousculé les Suédois comme peu d'ouvrages depuis longtemps. Dans son sillage, de nombreux grands restaurants de Stockholm ont retiré la morue de leur menu, des communes ont bouleversé les habitudes alimentaires des maisons de retraite et des écoles pour en bannir les poissons menacés. Suivis par des centrales de grande distribution, des responsables politiques ont promis de supprimer une partie de la flotte de pêche suédoise. Dans cet élan, la Norvège inquiète de l'éventualité d'un boycottage, a lancé un label pour ses morues de Barents.

En l'espace de quelques mois, Isabella Lövin, jusque-là parfaitement inconnue si ce n'est des lecteurs de ses chroniques dans le magazine Allt om mat (" Tout sur la nourriture "), a raflé cette année tous les prix avec son livre enquête. " Pour son récit choquant sur ce que l'être humain fait avec la mer, et à quel prix ", précise l'un d'eux pour justifier sa décision. Elle est devenue une vedette en Suède, invitée aux quatre coins du pays, placée sur un piédestal par les uns, clouée au pilori par les autres.

Son livre, qui doit sortir en poche en septembre, devrait provoquer une nouvelle vague d'indignation pour ceux qui auraient été épargnés par la première. Elle rêve d'exporter le débat dans toute l'Europe. A Bruxelles, croit-elle savoir, les partisans de la réforme de la politique européenne de la pêche attendent avec impatience la traduction de son livre en anglais.

Dans son ouvrage écrit comme un thriller, Isabella Lövin dresse un constat accablant des conséquences de la surpêche notamment en mer Baltique. Conséquences dramatiques pour la morue, pour l'anguille, pour la biodiversité, pour tout l'écosystème marin en train de s'écrouler. Le choc est d'autant plus violent pour les Suédois qu'ils se considèrent volontiers comme des champions de la protection de l'environnement.

Avec ce livre, on partage d'abord son ignorance, son étonnement, puis assez vite son indignation. On la suit dans des conférences apparemment insipides mais ô combien révélatrices, sur des chalutiers de recherche, on suit ses coups de téléphone, on partage avec elle les silences des chercheurs, impuissants face à l'inertie des politiques, on veut avec elle neutraliser le lobby des pêcheurs, on saute de révolte en déprime. Le procédé est simple, efficace.

Sa rage tient au fait que cette mer devient silencieuse avec la bénédiction et les subventions des autorités. " Elle a servi de réveil, concède Axel Wenblad, directeur général de l'Agence suédoise de la pêche. Pour quelqu'un qui n'était ni spécialiste ni enquêtrice, elle a su se poser les bonnes questions et chercher les réponses. Je ne suis pas d'accord avec elle sur tous les points, par exemple je ne pense pas qu'il faille boycotter la morue, mais ce n'est pas le plus important. "

Il y a de la Fifi Brindacier dans cette jeune femme posée de 45 ans qui s'est mise à dos toute l'industrie de la pêche sans se départir de son calme et qui, depuis le succès de son ouvrage, va tout aussi posément occuper les plateaux de télévision, ferrailler avec le ministre de la pêche ou les représentants d'une profession désormais montrée du doigt. " Elle est agréable mais peu au fait de la politique de la pêche, tranche Henrik Svenberg, président de la Fédération des pêcheurs suédois. Et elle argumente trop avec de bons sentiments. " L'insulte résonne doucettement aux oreilles d'Isabella Lövin et la renvoie à ses lectures de jeunesse, à ses premières émotions littéraires.

Vers l'âge de 10 ans, elle découvre le monde enchanté d'Andersen, le conteur danois, elle s'amourache du Vilain Petit Canard, se met à écrire des contes. Il y a là un déclic. " Andersen donnait vie à des choses mortes, je trouvais cela extraordinaire. " C'est ce qui lui a si bien réussi dans Mer silencieuse. " Je me suis permise de donner aux poissons plus de valeur que ne leur en donne notre société. " Andersen est assez sentimental. " Je me suis permise de l'être aussi. " Fatiguée qu'on ne parle des poissons qu'en termes de revenus ou d'emplois, elle est allée à leur rencontre. Montrer qu'ils ont une valeur. " La morue est très intelligente. Si vous êtes en face d'une morue dans un aquarium, elle va lever la tête pour regarder. Quant à l'anguille, elle a une activité cérébrale plusieurs heures après qu'on lui a coupé la tête. " Pour elle, ils méritent autant le respect même s'ils ne sont pas capables de nous émouvoir avec des mimiques ou avec des grands yeux de bébés phoques.

Le monde de la pêche n'est pas sa première passion. Jeune, c'est le féminisme qui l'attirait. Une jeunesse suédoise pourrait-on dire. Elle est née dans le sud, mais son père, artiste en devenir, cherchait un endroit bon marché où aménager un grand atelier. La famille arrive à Avesta, dans le sud de la Dalécarlie, région centrale et carte postale de Suède, avec ses lacs, ses forêts et ses petites maisons de bois rouge. Elle grandit à la campagne, " loin de la mer ", dans un monde paysan, avec des vaches, les odeurs de fumier et près d'une usine, la seule de la région. Beaucoup d'alcool, beaucoup de chômage, tel sera le décor de ses premiers articles lorsqu'elle débutera dans le journalisme. Le goût de l'écriture viendra bien plus tard. Son enfance plutôt solitaire - l'ami le plus proche habitait à deux kilomètres - a été heureuse. Il y avait beaucoup de neige ; les skis étaient toujours au bas de l'escalier. " Il n'y en a presque plus. C'est étrange que cela soit fini. "

Quand ses parents divorcent, elle reste avec sa mère. Peu. Celle-ci meurt d'un cancer quand Isabella n'a que 14 ans. Elle rejoint son père à Stockholm, accueillie chaleureusement par cette nouvelle famille. Elle vit alors dans l'un des quartiers les plus huppés de Stockholm, dans une maison délabrée. Entourée d'enfants de la haute bourgeoisie, elle vire rebelle et gauchiste. C'est l'époque des lectures qui vont la marquer pour la vie. Celle de Maria-Pia Boethius, journaliste et féministe bien connue en Suède, qui avait dénoncé les différences de traitement des viols dans le système judiciaire suédois.

Elle s'engage dans un groupuscule, Grupp 8, qui trouvait ses origines dans un réseau socialiste féministe créé en 1968. " Mais y aller dans les années 1980, c'était déjà trop tard. On me trouvait trop jeune. " Elle en rejoint un autre qui manifestait contre les sex-shops.Elle vient d'une époque où les Suédoises ont cru que l'égalité était atteinte. Déception. Isabella a raté le train du féminisme, elle se rattrapera sur le suivant.

L'autre choc fut celui de l'entropie, grâce à Jeremy Rifkin, qui lui fait découvrir que tout passe du désordre à l'ordre, ou que tout est désordre avec des îlots. Une révélation, tout se met en place, cette fatalité avec laquelle notre consommation épuise la nature, cette accélération qui nous prive des moyens de réparer les dégâts.

Elle rêvait de devenir une journaliste engagée ? Quand en 2003, journaliste pigiste, elle découvre un communiqué de presse de la direction des pêches qui annonce que le stock d'anguille a baissé de 99 % en vingt ans et que rien n'était fait pour enrayer cette éradication, la boucle est bouclée. Elle se lance dans l'enquête, bute, dérape, s'accroche, car elle est opiniâtre, disent des collègues de la radio. Aujourd'hui, elle est toujours stupéfaite par ce succès.

Olivier Truc

Mer silencieuse

d'Isabella Lövin

Ed. Ordfront

1 commentaire:

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci